L’histoire de Moirans-en-Montagne

Dans la « terre de Saint-Claude », Moirans l’audacieuse

On situe la fondation de Moirans-en-Montagne vers le XIIème siècle. L’abbé de Saint-Claude fit construire un château (le château neuf) sur la commune comme lieu de résidence des abbés. Ce château fut détruit par l’armée française en 1637. C’est au pied de ce château que l’on construisit l’église Saint-Nicolas (lien vers onglet Eglise) au XVème siècle.
Les abbés de Saint-Claude étaient les puissants seigneurs de la région, dite « terre de Saint-Claude », qui englobait à l’époque tout le territoire compris entre la Chartreuse de Vaucluse et la frontière suisse. L’abbé percevait les impôts (taxes sur le sel, dîmes…) jusqu’à la Révolution de 1789.

 

Les armoiries de Moirans-en-MontagneBlason de la Commune
Les armoiries sur fronton triangulaire sont une tête de Maure, surmontée d’une croix de Saint-André avec une étoile. Pourquoi une tête de Maure ? Peut-être à cause de la ressemblance avec le toponyme de Moyrans… Ou encore, parce qu’en langue celte, Maure signifie « buis », arbuste très présent à Moirans.
Certains monuments, dignes d’intérêt, sont, pour certains, inscrits sur le registre supplémentaire des Monuments Historiques : hôtel de ville (lien vers Onglet Mairie), grenette, fontaine, église Saint-Nicolas (lien vers Onglet Eglise), chalet, etc.

 

Un Monument aux morts provocant… à l’époque Monument aux Morts
En 1921, le conseil municipal valide un projet pour le monument aux morts qu’il souhaite ériger : une sculpture représentant une femme nue, tête inclinée, pleurant ses enfants ou son soldat de mari. La veuve ou mère éplorée fait scandale. La presse s’empare du sujet et juge sévèrement cette « provocation, insulte aux Morts de la Guerre et à leur famille ». « Une femme nue comme un vers, dégoutante »…
Le maire défend le projet et le fait réaliser coûte que coûte par le sculpteur Buffet-Chaillet.
Des années après, la trace du « choc » est encore vive : en 1927, les commémorations du 11 novembre sont célébrées au cimetière sur le monument aux morts 1870-71, plutôt que sur celui de 14-18 !
Après moult tentatives de remplacement, le monument est finalement conservé en l’état et à sa place, mais jamais inauguré.

Les personnages qui ont marqué Moirans-en-Montagne
Pierre Vernotte (1898-1970) a donné son nom à la cité scolaire de Moirans-en-Montagne. Ce général dans l’armée de l’air et physicien a notamment étudié le refroidissement d’un corps chaud par courant d’air.
Epiphane Dunod (1644-1689), religieux de l’ordre des Capucins, missionnaire en Amérique, s’insurgea contre l’esclavage.

Le passé industriel de Moirans-en-Montagne
Dès le XIVème siècle, les paysans de la région se sont lancés dans une double activité avec la tournerie de sifflets, toupies, crécelles, etc. Ce sont les premières années du jouet en bois, à Moirans. A partir de 1850, les Moirantins se spécialisent dans la tournerie du « bibi », petit sifflet cylindrique en bois à placer à l’extrémité de ballons gonflables. Peu à peu, dès 1900, de nouvelles techniques de finition apparaissent, telle que le rubannage. Puis dès 1950, le plastique fait son entrée et permet le développement des entreprises locales. En 1995, les industriels de l’arc jurassien produisaient 40 % des jouets français.

La Place de Verdun
Moirans Pl de Verdun hiver 47En 1637, Moyrans est rasé par les troupes du duc de Longeville à la solde de Richelieu. Louis XIII convoite la Franche-Comté espagnole.
Moyrans se reconstruit dès 1640 à partir du quartier de l’église épargné. Rue de Granvaux (actuelle rue du Jura), maisons à caves voutées, porches arrondis, portails à frontons, maison-octroi avec tourelle, maison communale ; rue du Pavement (actuelle rue Pasteur), rue de Chavanne, rue Saint-Nicolas, … Au carrefour central apparaît une place, entourée d’immeubles à pilastres, à colonnes, à arcatures surmontées de la couronne royale, commerces, échoppes, auberge façade XVIIIème siècle. C’est la Place Royale.
XIXème siècle : époque de grands bouleversements. La Place devient « Place de la Liberté ». Belle fontaine aux bordures galbées, statue de la Liberté, symbole de la république nouvelle…
1920 : les Poilus de la Grande Guerre sont honorés. La Place de la Liberté devient « Place de Verdun ». Fontaine et statue vers 1960 disparaissent et sont remplacées par le petit bassin moderne actuel. La statue de la Liberté a retrouvé en 2010 une place décente sur le fût de la fontaine rue du Jura.
Moyrans s’est embelli, agrandi. Témoin d’un riche passé, la Place de Verdun, originale, coquette, animée, commerçante, reste avec l’église et la place Robert Monnier, le cœur de la Cité.

La tête d’Henri IV à Moirans-en-Montagne ?
Henri IVAu XVIème siècle, la Comté, terre d’Empire, connait son âge d’or. Administrée sagement par l’Infante Isabelle, cette terre est prospère et convoitée. Le roi de France est soucieux d’annexer cette belle et riche province espagnole, repoussant vers l’est les frontières du royaume. De nombreuses incursions des troupes françaises (appelées « Les Gris ») ravagent la Comté. Renaissent alors la guerre, la famine, la peste, les ruines, … Vers 1602, au cours d’une de ces attaques meurtrières, la cité de Moyrans est rasée. Villageois et gens d’armes du château, réfugiés dans les grottes au pied de la Roche-Rive, résistent et repoussent les assauts des Gris. En position élevée, les Comtois-Moirantins (surnommés les « Couannais ») ripostent aux attaques (flèches, boulets, blocs roulés, …). Impuissants, les Gris se retirent. Ils se regroupent près de l’antique chapelle Saint-Laurent (cimetière) et reprennent le chemin de la Bresse-Louannaise, alors terre française. En signe de victoire et de moquerie, les « Couannais » baptiseront leur rocher buriné et protecteur « la tête d’Henri IV » ! Ne restent de nos jours de ce lointain passé que le souvenir du décampement des Français (parcelle « Sans Gris » du cadastre napoléonien), et puisque Henri IV a retrouvé grâce auprès du bon peuple, cette roche est devenue célèbre, fière et majestueuse : « La Tête d’Henri IV ».